Le Palais de justice
Par l’expression “Le Palais”, les textes de la seconde moitié du XVIIe siècle entendent le Palais de justice, qui constitue l’un des principaux lieux de circulation de l’information à Paris. Depuis sa rénovation à la suite du grand incendie de 1618, c’est en effet un lieu essentiel de la vie parisienne, extrêmement fréquenté : magistrats, avocats, hommes d’affaires et aristocrates s’y croisent, y discutent affaires, et échangent des nouvelles.
La Galerie du Palais
L’attrait du Palais tient notamment à sa fameuse “Galerie” (représentée sur la gravure, placée à l’orée du t. II des Nouvelles Nouvelles), espace marchand qui constitue un lieu de passage et de rencontres par excellence. On y trouve des enseignes variées, telles que des boutiques de mode, des horlogers, des parfumeurs, ainsi que de nombreux libraires. La fameuse gravure d’Abraham Bosse nous retranscrit l’imaginaire de cet univers :
A. Bosse - La galerie du Palais (v. 1638) © BNF
Les libraires du Palais (l’expression inclut les libraires installés à la Sainte-Chapelle) profitent de la clientèle variée, mais lettrée et mondaine, qui fréquente l’endroit. Tandis que les libraires situés à l’Université visent une clientèle d'ecclésiastiques et de doctes, ceux situés au Palais (Barbin, Bienfaict, Luynes, Quinet, Ribou, Sommaville, …) sont les distributeurs des nouveautés littéraires, dont font partie les Nouvelles Nouvelles.
Le Palais dans la littérature
Le Palais de justice sert est mentionné dans plusieurs ouvrages du XVIIe siècle. On peut citer entre autres :
La “Soirée des auberges”, nouvelle recueillie dans les Diversités galantes (1663) de Donneau de Visé, où un nouvelliste décrit “les nouvellistes du palais et dit qu’ils mourraient de regret s’ils étaient un jour sans se voir. Polyate lui dit qu’ils ne se pouvaient voir au Palais les dimanches, ni les fêtes, pour ce qu’il était fermé. Ils se rassemblent ces jours-là, lui répondit-il, dans le Cloître des Grands Augustins.” (p. 37).
Le Roman bourgeois (1666) de Furetière, dont tout le début de l’ouvrage prend place au Palais de justice.
D’autres textes prennent place spécifiquement dans la Galerie du Palais. On citera :
La célèbre comédie éponyme de Corneille.
Les notes de voyage de Francesco Belli “Pour quitter le Palais sans rien acheter, malgré les instances, les cajoleries et les charmes des femmes, il faut n’avoir point de sentiment ou n’avoir point de sou”. Osservazioni nel viaggio, 1632, cité par H. Stein, Le Palais de justice et la Sainte-Chapelle de Paris, Paris, Longuet, 1912.
L’Impromptu de l’Hôtel de Condé de Montfleury, dont l'action prend place dans la galerie du Palais.
“Le libraire du Palais”, un dialogue issu des Carpentariana.