Les prolongements des Nouvelles Nouvelles
Moins d’une année après la parution des Nouvelles Nouvelles, un nombre remarquable d’ouvrages de Donneau de Visé s’en réclament explicitement :
Zélinde ou La Véritable critique de l’Ecole des femmes (1663) [développer] Les Nouvelles Nouvelles y sont présentées comme une source d’inspiration pour Molière : “J’oubliais à vous dire que tout le commencement du rôle de Licidas est tiré des Nouvelles Nouvelles […]”
La Défense de la Sophonisbe (1663) [développer] Donneau de Visé doit justifier son revirement d’opinion : alors qu’il
émettait des critiques sur la pièce de Corneille dans les Nouvelles
Nouvelles, il prétend désormais en prendre la défense,
“Il me reste
encore à vous dire que vous vous étonnerez peut-être de ce qu’ayant parlé contre
Sophonisbe dans mes Nouvelles Nouvelles je viens de prendre son
parti. Mais vous devez connaître par là que je sais me rendre à la raison.”
(p. 80) [les italiques sont celles du texte].
Les Entretiens d’Aristipe et d’Axiane (1664)
[développer] L’ouvrage contient divers dialogues entre
objets, commandés par Axiane à Aristipe, sur le modèle du Dialogue du
busc et de l’éventail. En réponse à l’envoi d’un d’entre eux, Axiane fait
l’observation suivante à son galant :
“[…] je m’étonne que vous ayez tant et
si bien écrit sur une matière qui ne semblait pas fournir de quoi faire une
douzaine de lignes : ce n’est pas que ce ne soit votre coutume et que le “Dialogue
de l’éventail et du busc” qui est dans vos Nouvelles Nouvelles ne
m’ait persuadé de cette vérité. Cette pièce a été trouvée fort galante et a été
estimée de tout le monde, ce qui me fait désirer de voir encore quelques dialogues
de votre façon.” (p. 57)
La « Lettre sur les affaires du théâtre » (Diversités galantes,
1664) [développer] Donneau de Visé y justifie la présence d’un
personnage de nouvelliste dans une de ses nouvelles créations :
“Peut-être me direz-vous
qu’après avoir tant parlé des nouvellistes dans mes Nouvelles
Nouvelles, je n’en devais pas mettre un dans Les Soirées des
auberges, mais vous devez prendre garde qu’il ne sert quasi que de
nombre et que j’ai cru ne pouvoir mettre quinze ou vingt personnes ensemble sans
qu’il y en eût”.
Beaucoup plus tard encore, un Extraordinaire du Mercure
galant[développer] On y rappelle encore un épisode
du tome II des Nouvelles Nouvelles :
“Cet endroit de la
civilité française [certains travers épistolaires] me fait souvenir de cet autre
des Nouvelles Nouvelles où deux prétendus beau esprits disputent
s’il faut mettre la date d’une lettre au commencement ou à la fin.” (juillet 1685,
p. 9)
Ces multiples références attestent la volonté de faire des Nouvelles Nouvelles un ouvrage nodal, autour duquel gravitent une série de produits dérivés, après avoir inspiré la production de l’époque.
En outre, mentionner explicitement les Nouvelles Nouvelles dans d’autres ouvrages permet :
de promouvoir le recueil.
de revendiquer un corpus cohérent, ce qui, pour un jeune auteur équivaut à publier ses « capacités d’écrivain » (autant pour les pièces d’agrément que pour les discours polémiques) et à acquérir ainsi une position dans le champ des lettres.
En parallèle de ces mentions explicites par Donneau de Visé lui-même, d’autres auteurs se font l’écho de la parution des Nouvelles Nouvelles, et ce, toujours dans un même but : promouvoir aussi bien l’ouvrage que son auteur.