« Madrigal de la tristesse »
Le « Madrigal de la tristesse » est le second des deux madrigaux offerts successivement à la lecture dans la seconde partie des Nouvelles Nouvelles (p. 87). Il est précédé, p. 85, par le « Madrigal pour Julie ». L’insertion de ces deux textes est motivée, au sein de la fiction, par la proposition d’un des personnages qui, au cours du dîner, soumet à l’évaluation de ses commensaux « quelques galanteries et quelques vers » qu’il détient dans sa poche (p. 84). La lecture à haute voix de ces madrigaux suscite une controverse qui ouvre la voie à la “conversation des pointes ou pensées”.
Sur le plan structurel, le poème s’écarte quelque peu de la conception du madrigal qui prévaut auprès des contemporains de Donneau : ses dix vers sont disposés en deux quatrains à rimes croisées encadrant un distique à rimes suivies, configuration qui se rapproche de la forme strophique ; en outre, les vers sont tous des alexandrins, à l’exception du second et du quatrième : il suffirait que le premier quatrain soit constitué uniquement de dodécasyllabes pour que soit créée une structure régulière.
En revanche, l’importance essentielle accordée à la pointe par laquelle se clôt le texte concorde absolument avec l’idée du madrigal qui s’impose en France à partir des années 1650, celle d’un poème équivalent à « une épigramme irrégulière » (Charles Cotin, « Lettre sur la satire et sur le madrigal », Œuvres galantes, p. 465).