« Le portrait des nouvellistes »
« Le Portrait des nouvellistes » (t. III, p. 304-334) constitue la dernière pièce insérée des Nouvelles Nouvelles. Annoncé par un bandeau de titre, il est accompagné d’une gravure placée à l’orée du texte, en manière de frontispice (p. 304). La pièce est suivie d’une réaction du nouvelliste Clorante, qui fait part de ses observations au sujet de ce texte (p. 334 à 338).
Il s'inscrit dans une tradition de satire des consommateurs d'information inspirée de Théophraste, et résulte d’un assemblage de matériaux divers empruntés possiblement à la Clélie de Madeleine de Scudéry, ainsi qu’à des satires italiennes et anglaises. Matrice probable de la nouvelle des « Nouvellistes », cette pièce fonde l’identité du nouvelliste comme personnage satirique.
A l’instar des autres pièces insérées dans les Nouvelles Nouvelles, le « Portrait » fait l’objet d’une lecture à voix haute par l’un des protagonistes, en l’occurrence Ariste. Le mode d’accès est toutefois particulier : c’est en effet le narrateur qui, à la page 304, offre la copie qu’il a reçue d’Arimant aux lecteurs et aux lectrices des Nouvelles Nouvelles.
Les sens d’un « Portrait »
En intitulant sa pièce « Portrait des nouvellistes », Donneau l’inscrit dans un genre littéraire particulièrement en vogue depuis le milieu des années 1650, commenté par Charles Sorel dans sa Description de l’Île de portraiture (1659). La pièce en respecte les modalités telles qu’elles apparaissent dans les Divers portraits de Mademoiselle de Montpensier, notamment :
La construction en deux parties : une introduction dans laquelle l’auteur fait montre d’esprit (en l’occurrence, une réflexion sur la curiosité et l’impertinence des nouvellistes), suivie de la description de l’objet à proprement parler sous la forme de brèves remarques juxtaposées.
L’énonciation à la première personne du singulier, et le ton de celle-ci qui marque à la fois une distance (comique ou respectueuse) et une familiarité à l’égard de l’objet décrit.
Bien que ces portraits décrivent généralement des personnalités précises, les années 1650-1660 voient le genre traiter des types sociaux et comportementaux. Avant ce « Portrait des nouvellistes », parut ainsi celui des « Précieuses » d’un auteur anonyme (voir ci-dessous) et le Portrait de la coquette de Juvénel (1659, éd. de 1685), ouvrage beaucoup plus long (264 pages) mais dont la composition correspond aux traits évoqués ci-dessus.
Cette extension illustre la façon dont la mode du portrait investit progressivement l’ensemble de la littérature mondaine au cours des années 1660. Plus qu’une forme particulière, le portrait présuppose en effet une manière de lire, qui consiste à apprécier la littérature en fonction de sa propre expérience du monde (voir C. Schuwey, Un entrepreneur des lettres, Paris, Classiques Garnier, à paraître). Le plaisir de la lecture et la qualité d’une oeuvre reposent ainsi sur la capacité de celle-ci à bien dire - bien peindre - une réalité partagée, ou, comme on peut le lire au tome II des Nouvelles Nouvelles :
« Ce qui montre que l'on ne doit point dire qu'une chose qui surprend soit nouvelle, mais qu'elle est bien exprimée, qu'elle est bien représentée, qu'elle fait bien ressouvenir de ce que l'on savait déjà, qu'elle représente la chose au naturel et qu'elle est bien intelligiblement expliquée.” (p. 121-122).
Le lexique pictural s’applique ainsi à des genres très divers :
Les Nouvelles Nouvelles avaient été promues par Loret comme un « tableau du temps » (17 février 1663, v. 229-255).
Molière sera qualifié de « peintre » par Boursault lors de la querelle de L’École des femmes.
Les Maximes de la Rochefoucauld se donneront bientôt comme le « portrait du coeur de l’homme ».
En qualifiant sa pièce de « Portrait », Donneau indique donc qu’elle est ancrée dans la réalité immédiate des lecteurs et des lectrices, que ceux-ci pourront apprécier sa justesse et le brio de la description, et qu’elle leur sera utile puisqu’elle enrichira leur connaissance et leur compréhension du monde. La pièce apparaît d’autant plus utile que la préface et la réaction de Clorante soulignent ses bénéfices sur le plan de la morale :
« je connais mes défauts et que je tâche à m'en corriger en leur montrant les leurs, et ce sont ces vérités qui rendront cette satire utile » (p. XXII-XXIII)
« Le Portrait des nouvellistes que je décrivis hier chez vous m’a donné tant de mépris de moi-même et m’a fait prendre une si forte résolution de me rendre à l’avenir maître de ma curiosité, que je ne puis m’empêcher de vous remercier » (p. 334).
Enfin, en intitulant son texte « Portrait des nouvellistes », Donneau en fait l’acte fondateur de ce nouveau type social. En quelques pages, la pièce associe une série de caractéristiques à un terme qui, jusqu’au Nouvelles Nouvelles, n’était qu’un quolibet burlesque sans épaisseur. Concluant l’ouvrage, le « Portrait des nouvellistes » identifie et ridiculise ainsi un comportement particulier – l’obsession pour les nouvelles – et offre au public un terme prêt à l’emploi pour railler et fustiger cette déviance. La démarche de Donneau semble s’inspirer des Divers portraits qui, à la page 301, décrivaient les « Précieuses », un autre type social satirique. Tandis que le roman de Michel de Pure avait dilué la mystérieuse identité des précieuses sur quatre volumes, le recueil de Montpensier l’avait réduit à une courte description à charge. La nouvelle des « Nouvelliste » pose un problème similaire, puisqu’elle étire la peinture de ses protagonistes sur deux tomes et l’entrecoupe de pièces insérées. Dans la version finalement publiée des Nouvelles Nouvelles, le « Portrait » a dès lors pour fonction de conclure efficacement le tome III, participant de manière décisive à la constitution de ces nouvellistes comme dispositif de contrôle de l’information. La réaction de Clorante entérine d’ailleurs cette fonction normative :
« je me persuade que ce n’est pas un vice que de savoir des nouvelles et que l’avidité avec laquelle les nouvellistes en demandent, jointe à la profession qu’ils font de savoir tout ce qui se passe et d’en faire part aux autres, les rend seule condamnables. » (p. 335)
Disponible, le terme a pu être réutilisé à de nombreuses reprises. C’est, entre autres, ce que fit Molière
dans la longue tirade qui ouvre la Comtesse d’Escarbagnas (1671), le
nouvelliste tel qu’il le décrit reprenant en effet plusieurs traits du « Portrait »
[exemples] Molière : « et c’est là, comme vous savez, le
fléau des petites villes, que ces grands nouvellistes »
Nouvelles
Nouvelles : « Si quelque paysan vient chez eux, ils lui demandent ce que
l’on dit à son village et à la campagne ; si c’est un bourgeois, ce que l’on dit à
son quartier ; et si c’est un provincial, ce que l’on dit à sa ville et dans sa
province. »
Molière : « Celui-ci m’a montré d’abord deux feuilles de
papier, pleines jusques aux bords d’un grand fatras de balivernes […] il m’a fait,
avec grand mystère, une fatigante lecture de toutes les méchantes plaisanteries de
la Gazette de Hollande, dont il épouse les intérêts.”
Nouvelles
Nouvelles : « Les uns et les autres sont le plus souvent chargés de
papiers […] Ils y passent des journées entières à lire les vieilles gazettes
d’Angleterre, de Hollande, de Bruxelles et autres gazettes étrangères, où ils
trouvent quantité de menteries »
Molière : « La politique de l’État lui
laisse voir tous ses desseins, et elle ne fait pas un pas, dont il ne pénètre les
intentions. »
Nouvelles Nouvelles : « Ensuite ils tirent des
conjectures sur les choses présentes […] Là, ils marient les rois et les princes,
font la paix, déclarent la guerre. »
Molière : « un vieux importun de
qualité, qui m’a demandé tout exprès des nouvelles de la cour, pour trouver moyen de
m’en dire des plus extravagantes qu’on puisse débiter ; et c’est là, comme vous
savez, le fléau des petites villes, que ces grands nouvellistes qui cherchent
partout où répandre les contes qu’ils ramassent.”
Nouvelles
Nouvelles : « Dès qu’ils entrent dans une compagnie, ils demandent des
nouvelles, ou ils en débitent, et rompent souvent par là une conversation plus utile
et plus agréable que ce qu’ils disent.
À la différence du terme « précieuse », à peu près disparu après 1664, « nouvelliste » connaîtra un long succès jusqu’au XIXe siècle, ce qui fera oublier son origine satirique jusqu’à le considérer comme un synonyme de journaliste.
La matrice des « Nouvellistes »
Parmi les hypothèses génétiques admissibles, on peut avancer celle qui considère ce portrait des nouvellistes comme un premier état de la nouvelle des « Nouvellistes » telle que Donneau la projetait à la fin de l’année 1661. Elle aurait alors servi de matrice aux épisodes successifs du futur récit. Deux observations soutiennent l’hypothèse. D’une part, aucun des événements réels mentionnés à la page 317 n’est postérieur à cette année-là. D’autre part, et surtout, les comportements, réactions et plaisanteries des nouvellistes tout au long des deux tomes des Nouvelles Nouvelles semblent tous directement repris du « Portrait ».
La division entre nouvellistes d’État et nouvellistes du Parnasse, évoquée à plusieurs reprises dans le portrait.
La dénonciation de leurs comportements fâcheux.
L’avidité avec laquelle ils consomment et désirent des nouvelles.
La place prépondérante de l’écrit et le fait qu’ils sont « le plus souvent chargés de papiers ».
Leur prétention à savoir tout ce qu’il y a de nouveau : « à les ouïr parler, on ne saurait leur rien faire voir de nouveau et ils ont toujours tout vu ce que l’on leur montre » (p. 310). Au tome II, Clorante clame qu’« il ne se fait rien de nouveau dans Paris que je n’aie des premiers » (p. 14).
L’attirance pour les lettres pleines de nouvelles : « Si l’on leur montre quelques lettres qui soient pleines de nouvelles, ou quelques vers nouveaux […] ils prient aussitôt que l’on les leur prête. »
Leur obsession de la copie et du commentaire, maintes fois mise en scène dans les Nouvelles Nouvelles : « ils se prêtent l’un l’autre leurs nouvelles d’État et de Parnasse pour les décrire. L’un s’arrête tout d’un coup en décrivant, pour faire remarquer un bel endroit ; un autre en fait de même pour l’admirer ; un autre pour soutenir qu’il n’est pas beau. »
Il est dès lors possible de considérer que Donneau de Visé a élaboré les personnages de Cléante, Ariste, Licidas et Straton à partir de cette pièce, ce qui explique l’impression de redite lorsque le portrait est lu à la suite de la nouvelle des « Nouvellistes ». Dispositif premier, pièce maîtresse du « tour » qu’Arimant voulait jouer aux nouvellistes, le « Portrait » a changé de statut au fil des évolutions de l’ouvrage, devenant finalement un texte conclusif qui résume en quelques pages les comportements décrits tout au long de la nouvelle. Ainsi, dans le cadre d’une lecture suivie des Nouvelles Nouvelles, le lecteur ou la lectrice admire la qualité du portrait, de son expression et de ses observations à l’aune des comportements d’Ariste, Clorante, Licidias et Straton… sans nécessairement réaliser que correspondances s’expliquent précisément par la genèse de l’œuvre.
Une satire et ses sources
À l’instar du « Portrait des précieuses », le « Portrait des nouvellistes » est manifestement une satire en forme de portrait. Il fustige en effet un type social et se donne pour objectif de corriger les défauts, répondant ainsi aux critères du genre tel qu’il se définit et se pratique depuis les années 1650, à l’image de Furetière et de ses satires de types sociaux (médecin pédant, marchands, poètes…).
Donneau compile visiblement des sources multiples, tirant son matériau à la fois de bons mots, de réalités parisiennes mais également d’une tradition littéraire marquée. Le sujet est en effet loin d’être inédit, qu’il s’agisse de la France ou de l’Europe. La source première est à chercher dans le huitième caractère de Théophraste (περι λογοποιϊασ, le menteur ou inventeur de rumeurs), traduit en latin à de nombreuses reprises depuis le XVIe siècle ainsi qu'en anglais, italien et français au XVIIe siècle. Rabelais semble s'en être inspiré pour railler l'obsession des nouvelles dans sa « Pantagruéline pronostication » (1542), tandis que Ronsard avait consacré une épître à ce même sujet en 1565. En l'état des connaissances, il est difficile d'identifier quel(s) texte(s) a (ont) inspiré(s) Donneau. Trois sources possibles présentent des ressemblances intéressantes avec le texte des Nouvelles Nouvelles, sans que l’on sache bien comment celles-ci lui sont parvenues ni comment elles s’articulent.
Plusieurs caractéristiques des nouvellistes correspondent à celles d’un
« imposteur universel » que Madeleine de Scudéry décrit dans la
Clélie. Le roman est l’un des rares ouvrages cités explicitement
par Donneau et constitue une source importante des comédies de Molière. Au volume V,
les protagonistes découvrent qu’on leur a fait parvenir différentes nouvelles
erronées qui proviennent toutes d’un même individu. [détails]Clélie « Portrait » Celui-ci « assure les choses si affirmativement qu’on n’oserait
douter de ce qu’il dit » (p. 92) Il y en a d’autres qui savent bien qu’ils mentent, mais qui le font
si hardiment que l’on croit que tout ce qui vient d’eux est véritable
(p. 321) il dit les choses « avec des circonstances si précises » que « tout
autre que moi aurait été aussi trompé que je l’ai été (p. 93) « ils circonstancient bien toutes choses et il semble que leur
visage soit le témoin de ce qu’ils disent, tant il paraît sincère.
Ceux-là trompent souvent les plus habiles et les moins crédules. » (p.
321) il « divertit » (p. 94) « De tous ceux qui débitent des nouvelles, les enjoués sont les plus
supportables, parce que la manière dont ils les disent fait que tous
ceux qui les écoutent s’y divertissent. » (p. 327) « C’est un homme d’assez honnête naissance » (p. 94) « il y a bien des gens de qualité qui sont nouvellistes » (p.
329) « sa conversation est insupportable car quelque soin qu’on y prenne
et quelque résolution qu’on ait fait de ne le croire point, on y est
toujours attrapé » (p. 95) « ils parlent si longtemps qu’ils ennuient furieusement par leurs
longs discours ceux qui les écoutent : l’on ne saurait dire un mot d’une
affaire, qu’ils ne disent qu’ils la savent à fond. » (p. 314)
D’autres thèmes sont repris de la première critique italienne connue des
lecteurs de nouvelles (voir M. Infelise, Prima dei giornali, Roma,
Laterza, 2002), le « Capitolo sopra le nuove » de Mattio Franzesi, publiée en 1555 à Florence. [exemples]Caractéristique Franzesi, « Capitolo sopra le nuove » « Portrait » Leur comportement est dérangeant « Dopo la prima, o seconda parola / T’affrontan con un certo, che si
dice ? » « D’autres, après avoir dit “comment vous portez-vous ?”, sont
souvent bien empêchés par où ils commenceront pour entrer en
conversation, ce qui sera cause que, si “ne savez-vous rien de nouveau
?” n’est bientôt à la place de “comment vous portez-vous ?”, il le
suivra de si près qu’ils n’iront plus l’un sans l’autre. » (p. 328)
Ils parlent impunément de ce qu’ils ne connaissent pas « Discorron Turchi, Italie et Spagne et Francie / Armate, libertà,
guerre, unioni, / Et pesan tutto con le lor bilancie » […] Conoscon
tutti gl’huomini per nome, / Et hanno tutti quanti i potentati / In
pugno, per la testa et per le chiome ; […] Fanno venir di Spagna huomin
pagati, / Di Turchia pali, & della Magnia i Lanzi, / Et di Francia,
& di quà lancie et soldati : » Ils marient les rois et les princes, font la paix, déclarent la
guerre. Ils tirent des conjectures sur les choses présentes et prédisent
l’avenir « Lasciamo astrologare à chi indovina / Per vie di conjetture e di
discorsi » « Ensuite ils tirent des conjectures sur les choses présentes, afin
de parler des nouvelles futures […] S’il se fait quelque affaire
d’importance et qu’il arrive quelque nouveau changement dans l’État, ils
disent aussitôt qu’ils l’avaient prédit. » (p. 308-309) Ils sont bavards, bruyants et évoluent en pelotons “Et con si discordante cicalio / Vanno informando il mondo tutto
quanto,” Quand ils sont tous en un peloton, au Palais ou dans quelque jardin
ou place publique
Surtout, ils semblent inspirés du poème « The New Cry » du dramaturge anglais Ben Jonson (1623) [exemples]Caractéristiques Jonson, The New Cry « Portrait » Tous les deux s’inscrivent dans une galerie de types sociaux. Jonson ajoute les protagonistes de son “New Cry” aux Cries of
London, ainsi qu’il le déclare au début du poèmes : “Ere
cherries ripe, and strawberries be gone; / Unto the cries of London I'll
add one”. Les nouvellistes développent le canevas de Scarron dans son
Épître chagrine au maréchal d'Albret et ajoutent un
type à la galerie des Fâcheux de Molière. Ils s’improvisent experts en toutes choses “They know the states of Christendom, not the places: / Yet have
they seen the maps, and bought 'em too, / And understand 'em, as most
chapmen do. / The counsels, projects, practices they know, / And what
each prince doth for intelligence owe, / And unto whom […]” « Comme ils raisonnent généralement sur toutes choses et qu’ils se
mêlent de tout savoir, ils sont tous rois, ministres, juges, capitaines
et soldats » Ils tirent des conjectures “And they know, If the states make peace, how it will go With
England.” « Ensuite ils tirent des conjectures sur les choses présentes […]
Là, ils marient les rois et les princes, font la paix, déclarent la
guerre. » Ils font partie de l’environnement urbain “You shall 'em meet […] They meet in sixes, and at ev'ry
mart” « […] ils sont tous en un peloton, au Palais ou dans quelque jardin
ou place publique […] » Ils sont fascinés par les pièces secrètes et interdites “All forbidden books they get” Les nouvellistes possèdent « [les pièces] que l’on n’ose montrer
sans se mettre en péril » (p. 318). Ils évoluent dans un monde de l’écrit et de gazettes “They carry in their pockets Tacitus, / And the Gazetti, or
Gallo-Belgicus” « Les uns et les autres sont le plus souvent chargés de papiers »
(p. 313) et passent « des journées entières à lire les vieilles gazettes
d’Angleterre, de Hollande, de Bruxelles et autres gazettes étrangères »
(p. 314) Ils ont un goût marqué pour le secret qui les rend ridicule “And talk reserv'd, lock'd up, and full of fear / Nay, ask you how
the day goes, in your ear. / Keep a Star-chamber sentence close twelve
days: / And whisper what a Proclamation says. […] / They've found the
slight […] / To break up seals and close 'em.” « Lorsque l’on parle d’une chose, ils disent toujours qu’ils en
savent le secret » […] “ceux qui ont des premiers des nouvelles secrètes
sont estimés entre les nouvellistes” […] “Mais ils ne songent pas, en
vous apprenant cette nouvelle secrète, que vous êtes peut-être le
centième de la journée à qui ils ont dit la même chose et que, ces cent
l’ayant publiée partout, cette nouvelle est commune alors qu’ils vous la
disent.” On ne peut leur parler de rien, sinon d’État “You shall 'em meet, And have him yield no favour, but of
state.” « L’affaire d’État qui est en règne est toujours le principal sujet
de leurs conversations » Ils sont méprisants “[…] thinking to prevail / With ignorance on us, as they have done /
On them: and therefore do not only shun / Others more modest, but
contemn us too, / That know not so much state, wrong, as they do. “Ils disent de ceux qui ne les veulent pas écouter lorsqu’ils
débitent leurs nouvelles, que ce sont des stupides et des gens qui ne
savent ce que c’est que le monde.”
Les similarités avec la production de Ben Jonson indiquent également la dimension politique que revêt la figure du « nouvelliste ». Le dramaturge anglais participait en effet directement aux efforts de Jacques Ier pour maîtriser l’explosion de l’information publique au début du siècle (voir Sara Pearl, ”Sounding to Present Occasion: Jonson’s Masques of 1620-5”, D. Lindley (éd.), The Court Masque). De la même manière, ce portrait des nouvellistes paraît au moment même où les efforts de Louis XIV et de Colbert pour contrôler l’information battent leur plein.